Goûter ou Penser ?

alain brunache

Quand je suis tendu vers l'avant (ou vers l'arrière),

Je ne peux goûter vraiment ce qui est,

Mon cœur ne peut s'ouvrir dans le fond de ce qui est,

Je ne peux vivre la sublimation de ce qui est,

Je ne peux connaître le vide d'où émane ce qui est.

Je suis tendu vers l'avant (ou vers l'arrière) car je pense.
A moins de goûter la pensée au lieu d'y croire, quand je pense, je ne peux goûter.

 

Je confonds souvent penser et goûter.

Penser est le bavardage inhérent à mon apparente personne.

Penser est la conséquence de la priorité donnée aux apparents futur et passé.
Goûter ou écouter requièrent que mon apparente personne se soustraie et laisse place à ce qui est.
Goûter ou écouter sont la conséquence de la priorité donnée au ressenti.

 

Sans juger la pensée qui n’est, en définitive, que le résultat d’un cœur qui saigne,

Quand je suis fatigué de ne pas goûter, j'abandonne futur, passé et « je » se tait...

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Francyne (jeudi, 27 juin 2013 21:58)

    "Quand il y a ressenti, il n'y a pas pensée. La sensibilité brûle la pensée." (Eric Baret)et pourtant la pensée, des mots,mes mots, peuvent éveiller mon ressenti, que j'écoute et goûte, mais si je tente de l'exprimer à mon tour par des mots, ma pensée va tuer mon ressenti..
    Francyne

  • #2

    Brunache Alain (samedi, 29 juin 2013 10:24)

    Oui, moi aussi, la pensée, les mots, peuvent éveiller mon ressenti. Les mots peuvent pointer vers la source et être traversés, transcendés, me donnant alors à goûter l’indicible.

    Je voudrais commenter la deuxième partie de la phrase de Francyne qui soulève un point qui m’intéresse : « mais si je tente de l'exprimer à mon tour par des mots, ma pensée va tuer mon ressenti.. »
    Selon moi, il existe une expression par des mots où ma pensée ne va pas tuer mon ressenti. Tout dépend de l’endroit d’où provient la parole.
    Dans mon expérience, les mots, ma pensée, sont causes d’une rupture du ressenti quand il y a un glissement (même subtil) de priorité et qu’une crispation autour d’un objectif apparaît. J’étais dans l’écoute, dans le ressenti mais la mise en mot vient servir une autre cause qui fait intervenir le temps et un objectif que je ne suis pas prêt à lâcher…
    Je constate par contre que quand la priorité reste sur l’écoute, le ressenti… mes mots peuvent venir sans créer de coupure. La condition est que l’écoute prédomine au moment même de l’expression des mots ou de la pensée. Ce niveau d’expression va de pair avec un total lâcher prise quant aux résultats de mes éventuels objectifs. Les objectifs, si on peut les appeler ainsi (je préfèrerais « l’élan »), ont alors une forme intemporelle. Ils ne vont pas plus loin que maintenant et aucune perspective, rose ou grise, ne peut me déloger de l’écoute où du ressenti de maintenant.

    Ne voyez dans mes constatations aucune préconisation ou « il faut ». Qu’il y ait crispation autour d’un objectif ou priorité donnée à l’écoute…, tout va bien !